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Renconte avec Brigitte Giraud et vernissage de l'exposition "Mémoire d'Algérie"

Par SEGOLENE ROYON-CHALENDARD, publié le lundi 18 mars 2024 10:27 - Mis à jour le lundi 18 mars 2024 10:27
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Dans le cadre du projet "Mémoires d'Algérie", mené par C.Bourgouin, enseignant d'Histoire-Géographie, a eu lieu, une fois encore, une belle rencontre, suivie du vernissage de l'exposition riche et intéressante réalisée par les TSI2D

 

Jeudi 11 mai, nous avons la joie et l'honneur d'accueillir dans notre lycée Brigitte Giraud, lauréate du Prix Goncourt 2022.

Malgré un emploi du temps bien chargé depuis l'obtention du prix Goncourt 2022, elle a accepté de venir nous parler de son livre "Un loup pour l'homme" qui raconte l'histoire de ses parents et de sa naissance à SIdi-Bel-Abbès, en 1960. Un livre très important pour elle, et qu'elle aura mis, nous confie-t-elle, près de 20 ans à écrire...

C'est la guerre d'Algérie, vue du point de vue d'un jeune français de 20 ans, un "appelé", comme on disait, c'est-à-dire engagé malgré lui dans une guerre qu'on ne nomme pas, dans une guerre qu'il ne veut pas. A l'époque, le service militaire est obligatoire et l'objection de conscience n'existe pas. Et Antoine - c'est  son nom dans le livre, Brigitte Giraud n'a repris aucun prénom, ni celui de son père, ni celui de sa mère, ni le sien même car c'est un roman qu'elle a voulu écrire même s'il raconte des choses bien réelles - Antoine, donc, ne veut pas prendre les armes. Alors il devient infirmier, il va accompagner les blessés, s'efforcer de soigner, les blessures sur tout le corps et celle qui ne se voient pas.

Brigitte Giraud a répondu, avec toute la sincérité, la sensibilité et l'engagement qui caractérisent aussi son écriture, aux questions très pertinentes de nos élèves.

Pourquoi a-t-elle voulu écrire ce livre ? Parce qu'un écrivain, c'est obsessionnel, ça a besoin de comprendre. Depuis longtemps, déjà, Brigitte Giraud voulait comprendre le silence de son père. Alors elle l'a interrogé, un peu, de temps en temps, avec délicatesse, et puis elle a lu aussi, beaucoup, d'autres témoignages, exploré des documents d'archives (un peu comme ont fait nos élèves de TSTI2D, finalement) pour essayer de comprendre la douleur silencieuse de son père.

Et l'Algérie alors ? Elle y est retournée ? Oui, et ce fut un moment fort d'être accueillie par un douanier qui lit sur son passeport "née à SIdi-Bel-Abbès" et lui dit : "Bienvenue chez vous !"

L'écoute très attentive des élèves et des adultes présents dans la salle était empreinte d'une émotion palpable, notamment dans les échanges entre Brigitte Giraud, fille d'appelée et notre premier témoin, André Kappès, pied-noir rapatrié ou plutôt - il préfère ce mot - déraciné...  C'est avec lui que le projet avait commencé au début de l'année scolaire et il a eu la gentillesse de revenir nous voir pour découvrir le travail final de nos élèves. Tous deux conviennent que l'histoire de la guerre d'Algérie est complexe et que c'est un histoire qu'il est nécessaire de faire connaitre aux jeunes générations dans toutes sa complexité.

Ce premier temps s'est achevé par une surprise pour Brigitte Giraud. Un duo piano-guitare de Julien et Ulysse qui ont joué "Shape of my heart" de Sting. Elle a été très touchée par cette attention, que les musiciens ont présenté comme un hommage à son compagnon Claude, passionné de musique, décédé dans un accident de moto et qui est au centre de son récit "Vivre Vite", le livre pour lequel elle a reçu le prestigieux prix Goncourt en 2022.

La rencontre s'est poursuivie par le vernissage de l’exposition des travaux réalisés par les TSTI2D. Les spectateurs et spectatrices nombreux - des professeurs de la classe ou pas, Aed, la proviseure Mme Boussehaba, l'inspectrice Mme Barruel- Khodja, M.Kappes, son épouse et sa petite-fille et Brigitte Giraud) ont déambulé d'un stand à l'autre et écouté les élèves expliquer leur démarche. Un très beau moment qui a suscité l'admiration de chacun et chacune.

L'exposition est visible pour tous et pour toutes au CDI jusqu'aux vacances d'été !